De nombreuses questions nous sont fréquemment posées sur l'hippothérapie.
Nous avons le souhait d'apporter une information aussi accessible, claire et précise que possible.
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FAQ - Foires aux questions
L'hippothérapie: défintion et fonctionnement
Comment définissez-vous l'hippothérapie ?
Nous définissons l'hippothérapie (TAC : thérapie assistée par le cheval)
comme une application particulière de la TAA (thérapie assistée par l'animal).
C'est une thérapie expérientielle qui fait appel au cheval et à ses
caractéristiques spécifiques mises en évidence par l'éthologie (science
qui étudie et décrit le comportement des animaux dans leur environnement).
La TAA se définit comme une intervention visant l'amélioration du bien-être
physique, émotionnel, cognitif ou social de l'humain et dans laquelle l'animal,
par ses caractéristiques corporelles et relationnelles, joue un rôle de médiateur
entre le thérapeute et le bénéficiaire. Source: "Cheval et pleine conscience" (Herbette,
Guilmot, De Boeck, 2011).
Notre approche s'appuie sur les éléments suivants :
- La relation à trois : le bénéficiaire, le cheval et le thérapeute.
Les trois acteurs prennent part à la relation, chacun peut être moteur
de la thérapie à un moment ou à un autre. Par ailleurs, chaque personne
est unique et différente. Elle a donc sa manière propre d'entrer en relation.
- Les caractéristiques propres du cheval : il offre un large panel de
stimulations sensorielles et émotionnelles et est aussi un interlocuteur qui
répond aux interactions avec la personne sans la juger mais simplement en étant
fidèle à ce qu'il sent à chaque instant.
- La démarche expérientielle : cette expérience relationnelle peut être
un contexte favorable pour permettre à la personne de prendre mieux conscience
de son corps, de ses émotions ou de ses comportements. Par le jeu des
interactions possibles avec l'animal et le thérapeute, la personne peut
améliorer l'accès à ses propres ressources et développer de nouvelles
stratégies personnelles.
- L'approche centrée sur la personne : un accompagnement non directive
qui permet à la personne de prendre sa part de responsabilité dans la
démarche thérapeutique. Au service du cheminement de la personne, le
thérapeute développe des attitudes d'empathie, de congruence (authenticité)
et d'accueil inconditionnel.
Notre approche se différencie des moments d'enseignements équestres ou
des séances de loisir, connus sous le nom d'équitation adaptée.
A qui s'adresse l'hippothérapie ?
le champ des bénéficiaires de l'hippothérapie est très large :
toute personne en difficulté, en souffrance ou en recherche d'épanouissement
peut profiter d'une rencontre accompagnée par le cheval qu'il soit enfant ou
adulte, qu'il vienne via une institution ou à titre personnel.
Faut-il savoir monter à cheval pour faire de l'hippothérapie ?
Non, les expériences proposées se font dans le respect des capacités
et des limites de chacun. L'hippothérapie se base sur la rencontre avec
le cheval. Cette rencontre évoluera au gré des désirs et capacités de la
personne, ce qui rend l'hippothérapie accessible même pour des personnes qui
ne monteront à cheval
Comment se déroule une séance d'hippothérapie ?
Il n'y a pas un déroulement type. Il faut au minimum la présence de la
personne, d'un thérapeute et d'un cheval et un cadre garant du sens
thérapeutique de cette rencontre (un timing, des règles, une visée, une
rétribution …). Le contenu de ce cadre (l'activité) se compose au fur et à
mesure de la séance par le trio dans une approche collaborative et
exploratoire. L'hippothérapeute soutient cette démarche par son écoute
verbale et non-verbale et par des propositions favorisant l'exploration.
Il n'y a pas de consignes ni d'exercices imposés. L'hippothérapeute favorise
le contexte dans lequel la personne peut être à l'écoute de ses propres
réactions, sensations et émotions.
Comment réagissent les personnes au contact du cheval ?
Selon les personnes et les situations, Le cheval peut susciter différentes
réactions au niveau comportemental, émotionnel ou cognitif. Nul ne peut dire
d'avance ce que le cheval va susciter chez la personne. C'est là tout l'intérêt
de la démarche expérientielle.
Combien de temps dure une hippothérapie ?
Combien de temps dure une séance d'hippothérapie ? La durée et la fréquence
des séances sont convenues au cas par cas. Cela peut être 30 minutes, 45 minutes,
60 minutes, … généralement sur base hebdomadaire.
Pour combien de temps s'engage t-on en hippothérapie ? Cela varie
d'une personne à l'autre : pour certains il s'agira d'un passage, le temps
d'une prise de conscience, pour d'autres il s'agira d'une véritable
opportunité d'engager un processus de changement avec d'incessantes découvertes.
Quels sont les effets de l'hippothérapie ? Observez-vous des changements ?
Les effets possibles de l'hippothérapie sont multiples et dépendent avant tout du type de problématiques auxquelles les personnes sont confrontées.
Pour certaines personnes profondément handicapées par exemple, les effets de l'hippothérapie seront surtout à considérer comme des apports de stimulations et de bien-être venant enrichir dans l'instant présent l'expérience de vie de la personne.
Plus largement, l'hippothérapie peut apporter des résultats à différents niveaux :
- amélioration du schéma corporel et développement des capacités fonctionnelles
- amélioration de la gestion des émotions
- meilleure compréhension des capacités relationnelles
Dans tous les cas, les thérapeutes s'attachent non pas à la réduction du déficit
ou des symptômes mais à la relation de la personne a avec sa déficience ou sa
difficulté qui fait de la personne un sujet unique dans sa façon d'appréhender
son corps et sa manière d'être en relation au monde et à l'environnement.
Existe-t-il une intervention de la mutuelle ?
HL'hippothérapie n'est pas encore reconnue à ce jour, et donc pas encore
remboursée comme telle par les mutuelles. Certaines mutuelles offrent un
remboursement symbolique annuel.
Hippothérapie et le cheval
Pourquoi utilisez-vous le cheval en particulier ?
Comme à d'autres animaux utilisés en TAA (tels le chien, le chat),
le cheval est particulièrement sensible et réactif à son environnement.
Il a donc développé une grande capacité à être en résonance avec le comportement
des autres êtres vivants, en particulier au niveau de la communication non-verbale.
Cela induit que pour pouvoir influencer son comportement, la personne va devoir
agir sur elle-même, sur ses propres pensées, émotions et attitudes.
De par son physique, le cheval est un animal puissant et rapide,
qui fascine, ou, du moins, attire l'attention. Ces caractéristiques ouvrent
le champ à des expériences corporelles fortes, comme le fait de monter sur son
dos, une expérience de corps à corps unique et prégnante. A cela s'ajoute le
lien qui se sont établis entre l'homme et le cheval au cours des millénaires
favorisant les projections imaginaires et les expériences esthétiques.
La dimension grégaire du cheval le rend disponible à la relation,
dans la proximité et le toucher. Sa curiosité naturelle, sa capacité
d'apprentissage développée par une longue domesticité, et sa capacité
d'ajustement, instant après instant sont autant de points forts sur lesquels
le thérapeute peut s'appuyer lors des séances.
Que peut-il apporter ?
Nous pouvons identifier quatre types de rôle que les personnes
peuvent attribuer à la présence du cheval dans la thérapie :
d'après "Cheval et pleine conscience" (Herbette,
Guilmot, De Boeck, 2011)
1. Le "Cheval-Stimulus". Il initie des sensations corporelles,
des émotions, des cognitions et des tendances à l'action chez la personne
en présence de cet animal: vivre une émotion esthétique en assistant au galop
libre et joyeux de chevaux dans un pré, ressentir l'appréhension face à
cet animal puissant qui s'avance vers nous, percevoir la douceur du poil
sur sa peau, constater les évocations imaginaires des chevauchées fantastiques
ou de récits de chutes catastrophiques, etc.
2 Le "Cheval-Modèle". Par nature ancré dans le présent, le cheval
est en perpétuelle écoute de soi et de son environnement, s'ajuste à
chaque moment, tout en étant dénué de jugement à l'égard de soi et d'autrui.
Sa présence et l'observation de son comportement peuvent constituer une source
d'inspiration et d'apprentissage, soutenant notre propre capacité à être
pleinement présent et, en même temps, ouvert à ce qui nous entoure.
3 Le "Cheval-Miroir". Grâce à sa sensibilité dans la communication
non-verbale, le cheval reflète dans le non-jugement notre attitude et notre
manière d'être, et il nous renvoie sans cesse à la qualité de notre présence
dans la relation. Ce reflet immédiat permet un accès plus aisé à nos variations
physiques (tonus) et émotionnelles (qui se manifestent dans des modifications
d'attitudes corporelles) ainsi qu'à la qualité de notre intention. Au-delà du
geste, c'est bien à l'attitude intérieure qui colore ce geste que le cheval
réagira.
4 Le "Cheval-Interlocuteur". Il est un partenaire avec qui il est
possible d'interagir et de négocier, tout en étant pleinement présent
et à l'écoute de lui et de soi. En proposant par exemple l'exercice
apparemment simple de marcher avec un cheval tenu en longe et d'observer
comment les deux marches s'accordent, chacun peut constater à quel point
la présence de l'autre (le cheval) transforme notre rythme ou notre tonus.
À son tour, la cadence du pas du cheval sera aussi influencée par la nôtre.
Nous pourrons alors entrer dans une négociation et trouver un rythme ou une
trajectoire commune.
De plus, l'attrait pour la relation avec le cheval peut faciliter l'accès
et l'engagement dans la thérapie, l'ancrage de l'expérience pouvant être
transposée et généralisée dans le quotidien.
Comment dressez-vous et choisissez-vous les chevaux pour l'hippothérapie ?
Le travail en hippothérapie se fait avec le cheval tel qu'il est à un moment
donné. Que ses comportements soient faciles ou difficiles, ils seront autant
d'occasions pour négocier avec le cheval et donc explorer la relation.
Par ailleurs, le cheval fera aussi des expériences et donc des
apprentissages dans les séances d'hippothérapie. Il ne s'agit donc pas de
dresser les chevaux pour l'hippothérapie mais de bien comprendre les processus
d'apprentissage vécus par les chevaux pour percevoir comment les chevaux
développent certains comportements au fur et à mesure de leur relation avec
l'homme.
Au quotidien, en nous tenant informés des recherches en éthologie équine,
nous répondons le mieux possible à leurs besoins naturels (vie grégaire,
accès aux ressources naturelles, liberté de mouvement, espace, possibilité
de vivre et d'évacuer les éventuelles tensions), et nous nous entrainons à
communiquer le plus précisément possible avec eux, en tenant compte de leurs
processus d'apprentissage.
Quelles sont les qualités requises pour les chevaux ?
Tous les chevaux sont potentiellement intéressants pour l'hippothérapie.
Nous veillons avant tout à préserver la sensibilité et la disponibilité des
chevaux. Pour cela, les chevaux doivent être respectés dans leur rythme, leur
émotivité, leur besoin relationnel et leur besoin d'espace. Nous avons en outre
un troupeau avec des chevaux aux caractéristiques assez variées (âge, robes,
tailles, sexes, caractères) ce qui ouvre la porte à d'innombrables rencontres
et expériences.
Formations à l' hippothérapie
Quelles études faut-il faire pour être hippothérapeute ?
Il n'y a pas de cursus prérequis puisque l'accès à la profession est libre
(pas de protection légale du titre d'hippothérapeute). Néanmoins, toutes les
études permettant de développer des compétences à la relation d'aide peuvent
être utiles. Il appartient à chacun en fonction de l'orientation qu'il veut
donner à son accompagnement thérapeutique de choisir des études qui lui
permettront d'y accéder. Par exemple : ergothérapeute, psychologue, éducateur,
kiné, psychomotricien, logopède, …
Existe-t-il une formation spécifique à l'hippothérapie?
Il existe quelques programmes de formation spécifiques à l'hippothérapie,
de type formation continue (complémentaire à une formation de base)
dont celui de Louvain-la-Neuve.
Ils présentent des approches globales
variées qui ont en commun d'être centrées sur la relation d'aide au moyen
du cheval. Il n'y a pas à l'heure actuelle d'effort d'uniformisation de ces
programmes, puisqu'il n'y a pas d'accès à un titre protégé.
Quelles sont les qualités requises pour être hippothérapeute ?
Toutes les qualités nécessaires à la relation d'aide à l'autre :
o Bienveillance
o Authenticité
o Empathie
o Capacité d'écoute et d'observation précise et à tous les niveaux (verbal et non verbal)
o Capacité d'accompagner les personnes dans les différentes étapes du processus : (prise de conscience, acceptation, responsabilité, expression, transformations)
o Créativité - capacité de proposer des situations innovantes, invitant au changement
o Esprit d'analyse (pouvoir décomposer un tout en plusieurs éléments et les mettre en relation).
o Confiance dans le potentiel de développement de l'être humain
o Patience - respect du rythme propre de la personne
o Humilité
o Clarté personnelle
o Abstraction (capacité de pouvoir prendre du recul par rapport à la situation dans laquelle on est impliqué)
o Vivre soi-même un cheminement personnel de type " thérapeutique "
o Développer une conscience corporelle, avoir une pratique corporelle
o Connaissances en éthologie équine (science du comportement de l'animal)
o Expérience de la relation avec le cheval
o Amour du cheval
Faut-il des connaissances équestres pour être hippothérapeute ?
Oui, des connaissances en éthologie, une certaine aisance personnelle
avec les chevaux et une certaine expérience relationnelle avec le cheval
sont nécessaires et utiles pour :
- communiquer avec les chevaux, leur laisser une place de partenaire,
d'acteur dans la relation et non d'objet.
- donner au cheval sa juste place dans la thérapie, en distinguant ses
propres besoins liés à son espèce, de ceux qui pourraient être projetés
par les personnes par anthropomorphisme ou vécu personnel.
- accompagner les personnes dans une relation sécurisée avec le cheval.
- pouvoir inviter les personnes à explorer un univers relationnel équestre
le plus large possible.
Il n'est pas nécessaire et suffisant d'être un cavalier hyper performant,
étant donné que l'objectif recherché n'est pas le résultat équestre mais
une relation aidante pour la personne (distinction entre l'hippothérapie
et l'équitation).
Métier d'hippothérapeute
Quels sont les aspects positifs et négatifs du métier ?
La réponse à cette question dépend fortement des personnes qui pratiquent
ce métier mais nous pouvons donner quelques points qui nous semblent positifs
et négatifs.
Assister à l'épanouissement des personnes, à des moments
d'authenticité pleine, métier proche de la nature, du vivant, de l'humanité,
rencontres permanentes avec des personnes exceptionnelles, travail au contact
des chevaux, travail de recherche et renouvellement constants.
Ce étier
qui nous amène à être proche de nous-mêmes et à développer en même
temps que nos patients, des clés qui nous servent pour notre propre
épanouissement. Comme tous les métiers d'aide, une attention particulière
doit être portée sur le bien-être du professionnel afin qu'il puisse effectuer
de la manière la plus efficace son métier.
Ce métier fortement mobilisant et coûteux en ressources diverses
(attentionnelles, physiques, psychiques, matériels…), ce qui demande
de pouvoir accéder à un certain équilibre de vie et de mettre en place
des suivis potentiellement coûteux (supervision, thérapie personnelle,
repos, formation…), en regard de salaires relativement modestes, les
horaires peuvent être décalés (samedi, soirée), travail en extérieur
toute l'année, nécessitant aussi une bonne condition physique.
Est-ce un métier dont on peut vivre ?
Il est possible de vivre de ce métier mais difficilement. En effet,
c'est un métier qui demande beaucoup de dépenses (chevaux, infrastructures,
rémunérations) sans pour autant avoir nécessairement des rentrées financières:
l'entretien des chevaux doit se faire même s'il n'y a pas de client.
Les séances sont prises en charges par les personnes et ne sont pas remboursées.
De ce fait, les tarifs pratiquées doivent restés accessibles. Bien souvent
l'activité d'hippothérapie est associée à une autre activité assurant les
revenus nécessaires à viabilité.
La profession est-elle facilement accessible ?
Peut-on facilement trouver un emploi d'hippothérapeute ?
L'accès à la profession est relativement facile étant donné que celle-ci
n'est pas protégée au regard de la loi. Cependant les places d'hippothérapeutes
salariés sont très rares. Il est toujours possible de créer soi-même une activité
d'hippothérapie ou de travailler en tant qu'indépendant, dans ce cas, le plus
difficile est de se faire connaître et de trouver une clientèle pour avoir une
rentabilité viable.
L'hippothérapie est-elle reconnue en Belgique ?
Il n'existe pas de reconnaissance au sens légal, il n'y a pas d'accès réglementé
à la profession. Néanmoins il existe une reconnaissance des bénéfices de
l'hippothérapie avec une demande croissante de la part des institutions, parents,
recommandations de la part de psychologues, médecins, psychiatres, avec un relais
dans les média qui assure à l'hippothérapie un certain succès.
Quel est selon vous l'avenir de l'hippothérapie ?
L'hippothérapie pourrait avoir un avenir plus professionnel si la
distinction entre les différentes pratiques était plus claire et si la pratique
s'appuyait davantage sur des sources scientifiques pour montrer son efficacité.
L'hippothérapie s'est historiquement développée autour des personnes handicapées.
Au fil du temps cette pratique s'est adressée aussi au public plus larges.
Le fait d'être reconnu et remboursé par la mutuelle pourrait rendre cette
thérapie plus accessible, mais risque aussi rendre l'accès à l'activité et à
la profession plus difficile. La reconnaissance du métier d'hippothérapeute ne
sera pas chose aisée, car il s'agit d'un métier très hétérogène et encore fort
marginal par rapport à tous les métiers de la relation d'aide. Il est très
probable par contre qu'il y ait toujours de la demande pour ce genre d'approche
car elle permet de répondre à un besoin existentiel de l'être humain, celui de
donner du sens à sa vie. La relation au cheval nous permet de rejoindre notre
essence plus animale et de prendre conscience et d'épanouir nos besoins les
plus fondamentaux.
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